GROSSE COLERE

Ras le bol de ces adoptions ratées en raison de l’inconséquence de personnes de plus en plus nombreuses : un chien ramené le lendemain de son adoption parce que, finalement, il ne convient pas à l’adolescente de la maison et pour laquelle il a été pris ; une chienne peureuse à tranquilliser ramenée traumatisée au bout de cinq jours par de prétendus connaisseurs des chiens ; un de nos doyens refoulé une semaine plus tard, pas parce qu’il est ingérable, non, bien au contraire mais parce qu’on se rend compte qu’en fait on ne veut pas de chien… Marre ! Marre de devoir remettre dans leur box des chiens tristes et déboussolés.

S’il arrive parfois que des adoptants soient contraints de ramener un chien pour des raisons compréhensibles (il ne s’entend pas avec l’autre animal du foyer par exemple et dans ce cas-là, il vaut effectivement mieux le ramener au refuge que de rendre la vie impossible, à soi comme à son animal) nous voyons trop de comportements inqualifiables de personnes qui semblent considérer qu’un animal n’est qu’un objet qu’on peut ramener au « magasin » si on a un regret.

Bon sang, on ne prend pas une bête, chat ou chien, sur un coup de tête ni pour faire plaisir à un gosse, ni pour avoir un clébard assorti au canapé! On s’engage quand on adopte. C’est une petite vie qui devient dépendante de soi, qui a des émotions, qui est perdue quand on la change d’endroit, qui a déjà subi un voire plusieurs abandons, qui a besoin de temps pour s’adapter, pour comprendre ce qu’on lui veut, ce qui lui est interdit. Ce n’est pas un lecteur DVD qu’il suffit de brancher pour que ça fonctionne. C’est un être vivant qui devrait avoir suffisamment d’importance pour qu’on se donne au moins le temps de la réflexion et un minimum  de persévérance, comme toutes les choses qui en valent la peine.

Notre société consumériste aurait bien besoin de certain renard pour lui rappeler l’essentiel :

« Les hommes n’ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n’existe point de marchands d’amis, les hommes n’ont plus d’amis. » […] C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.

– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose… »

Saint-Exupéry, le Petit Prince.

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