Qui est l’animal?

Ce texte n’engage que celle qui l’a écrit même s’il exprime la colère de beaucoup.

Bénévoles dans un refuge, nous côtoyons souvent la laideur, le mensonge, la méchanceté et la lâcheté. Les excuses les plus fallacieuses, l’indifférence la plus mortifiante, la brutalité la plus révoltante.

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Ça y est, la bénévole qui s’occupe du site a viré zinzin, elle nous propose des sacs à l’adoption ! Eh bien, c’eût été presque préférable. Ce sac, trouvé par un chien, n’est pas un sac. Ce sac était un tombeau. Celui réservé à quatre chatons minuscules. Ce sac a été jeté dans un fossé. Ils n’avaient aucune chance.

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Alors, moi qui, comme tous les autres bénévoles des refuges, vois tous les jours des petites bêtes qui se battent pour vivre, qui surmontent les mauvais traitements, la douleur, la détresse de la solitude, qui ne se remettent pas du départ de leur humain, je pose la question : qui est l’animal? Qui est la bête? Où l’humanité est-elle tombée pour faire fi à ce point de la souffrance d’autrui, fût-il à poils et à moustaches? Quel individu est capable de les mettre dans un sac, de les jeter, de les entendre piauler et de tourner les talons quand même, de les condamner en toute connaissance de cause à mourir à petit feu, souffrants, effrayés et seuls? Quiconque pourvu d’un minimum de dignité trouvera une solution, pas forcément très reluisante, peu importe, mais une solution pour ne pas commettre cette ignominie.

Alors, toi, (oui, je te tutoie comme me l’autorise le mépris que je ressens pour ta triste personne), toi qui n’es peut-être même pas un monstre, puisses-tu rencontrer dans ta vie les mêmes spécimens d’humains que toi, puisses-tu ne pouvoir compter que sur des cœurs vides comme le tien et n’attendre de secours que des âmes viles comme la tienne. Grâce au chien et à ses propriétaires, tu sais, ceux qui n’ont pas pu se résoudre à tourner les talons comme tu l’as fait, ils sont ce soir traités avec humanité. Ils ne survivront peut-être pas car tu n’as même pas pu attendre qu’ils soient un peu plus forts pour te débarrasser d’eux mais on les assumera à ta place, on ne pourra peut-être rien faire pour eux, on devra peut-être se résoudre à soulager définitivement leur souffrance et c’est sur nous que pèsera le sentiment de culpabilité, pas sur toi. Toi tu auras l’esprit léger, tu les as peut-être déjà oubliés. Tu ne paieras sans doute jamais ton geste, tu ne liras sans doute jamais ces lignes et il y en aura sans doute non plus d’autres comme toi pour se moquer, pour négliger, pour faire souffrir, mais rétablissons au moins cette vérité : la bête, c’est toi.

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