Avis à vous, qui vous multipliez ces derniers temps, vous qui ramenez un animal pour une peccadille, pour un comportement contre lequel vous avez été prévenus lors de la visite : non, adopter un chien, un chat, ce n’est pas un acte de consommation, ce n’est pas un achat dans une boutique que vous pouvez ramener parce que « Ah, ben finalement, non ». C’est un être vivant, un être vivant qui la vie en a déjà fait baver des ronds de chapeau à qui, par votre légèreté, par votre vanité à penser que vous savez mieux que nous, vous infligez un deuxième traumatisme.
Dernier en date, notre pauvre Milos : Milos est vieux (il a plus de dix ans), Milos a perdu sa première propriétaire, âgée, et Milos peut mordre parce qu’il a sans doute des douleurs ou tout bêtement parce que Milos est un chat et qu’un chat, quand on l’emmerde, eh bien il vous le fait savoir. Celui qui n’accepte pas d’être remis à sa place ne devrait jamais prendre un chat ! Tout cela a été dit et redit, martelé même, au point que certains nous disent parfois « Mais pourquoi est-ce que vous dites tout ça? On dirait que vous ne voulez pas qu’on l’adopte? ». Et pourtant Milos revient au refuge parce qu’il a mordu alors qu’on le caressait avec insistance pendant qu’il dormait. Malgré le temps que nous avons pris pour vous recevoir et vous expliquer, malgré les huit jours de réflexion, malgré le bon sens qui devrait présider à toute adoption, Milos est revenu.
Vous consommez de l’adoption comme d’autres consomment des fringues jetables.
Parfois le retour est nécessaire, parfois, c’est même mieux pour l’animal parce que l’adaptation se passe mal, parce qu’un caractère se révèle, parce que ce sont des êtres vivants et que, en dépit de notre morgue d’être humain, nous ne pouvons pas contrôler leurs réactions, leurs sentiments… Mais nous voyons aussi des adoptants qui font tout pour que l’adoption fonctionne, qui passent du temps, de l’énergie, de l’argent, qui regorgent de courage et de ténacité pour des résultats parfois tardifs (pas vrai Pablo?). Ceux-là méritent l’amour qu’ils recevront et font, malgré eux, ressortir votre égoïsme et votre indifférence pour les animaux que vous prétendez aimer.